Dans ce climat plutôt optimiste, les besoins de recrutement du secteur deviennent un sujet sensible pour certains cabinets, qui ont du mal à trouver des candidats à l’embauche. Durant l’année 2021, près de 7 cabinets sur 10 ont déclaré avoir rencontré des difficultés pour recruter. L’alternance constitue, par conséquent, un levier majeur pour résoudre cette tension. D’autant plus que les périodes de stages obligatoires du cursus de l’expertise comptable peuvent être avantageusement réalisés en alternance. Avec pour avantage une formation pratique aux métiers de l’expertise comptable durant les études pour les uns et la possibilité de recruter un candidat qui connait déjà les subtilités du cabinet pour les autres. « C’est une opération gagnant-gagnant. Les jeunes embauchés en alternance sont forcément opérationnels très vite. En fin de Master 1 on peut déjà leur confier des clients. » précise Dominique Hubert, expert-comptable et commissaire aux comptes associé du cabinet FITECO. En 2021, plus de 8 cabinets sur 10 se sont ainsi engagés dans cette voie en embauchant un ou plusieurs jeunes en alternance.

Une démarche qui se solde par le recrutement d’au moins un jeune à l’issue de son alternance pour 1/3 des cabinets conseil. « Les qualifications requises se prêtent assez bien aux conditions de l’alternance. » rajoute Dominique Hubert. « Un jeune qui va suivre une alternance dans un cabinet va pouvoir utiliser des outils professionnels auxquels il n’aurait pas accès normalement, comme des outils d’analyse de la donnée par exemple. » C’est principalement cette capacité à accéder aux pratiques opérationnelles de la profession qui est la clé de l’alternance. D’une manière générale, les métiers de l’expertise comptable ont connu ces dernières années un très fort développement. 117 000 personnes travaillaient dans cette branche en 2000. Ils sont 155 000 en 2020, soit une augmentation de 33% des effectifs. Dans le même temps, le nombre d’alternants a plus que doublé en 20 ans, passant de 4 000 à 10 000 en 2020. Les besoins sont donc bien ancrés.

La tendance se confirme puisque la création de 13 000 nouveaux emplois est prévue pour le secteur d’ici 2025. Ce sont autant d’opportunités pour les alternants. En cause, l’arrivée de nouveaux métiers qui enrichissent l’offre de conseil. Un cabinet d’expertise comptable, ça n’est plus uniquement des tableaux et des chiffres. Ce sont aussi désormais des métiers très différents liés à la stratégie d’entreprise, les traitements de données, les RH, le conseil juridique ou la cybersécurité. « On a identifié 34 métiers » confirme Dominique Hubert. « Un cabinet est une véritable école. Il y a une diversité de métier qui permet forcément de trouver sa voie. »

Pour autant, si le secteur embauche, il ne le fait pas nécessairement de manière homogène sur l’ensemble du territoire. Géographiquement parlant, 40% des salariés de la branche se concentrent dans les régions d’Île-de-France et d’Auvergne-Rhône-Alpes. Un déséquilibre qui peut aggraver encore la difficulté de trouver le ou la candidat(e) idéale. « Je ne vois pas de limite à l’alternance, rajoute Dominique Hubert, celle que je peux distinguer, c’est le fait de former quelqu’un durant deux ans et qui peut ensuite s’en aller. » Visiblement une crainte à relativiser, puisqu’un seul cabinet sur quatre déclare rencontrer des difficultés à fidéliser ses collaborateurs. Sans doute en raison de la mise en place de politiques de rémunération ambitieuses, d’accompagnement des salariés et de mesures en faveur de la qualité de vie au travail. Pour une fois, le cordonnier semble plutôt bien chaussé. Et l’alternance être une voie royale pour celles et ceux qui cherchent à intégrer le secteur de de l’expertise comptable et du commissariat aux comptes.

*Les chiffres cités dans cet article proviennent du « Baromètre des métiers de l’expertise comptable, du commissariat aux comptes et de l’audit ».